جماعة تحت السّور في رحاب البحث الأكاديمي
ابتسام الوسلاتي، الهامشية في الأدب التونسي: تجربة جماعة تحت السور، دار الجنوب، "دراسات، 363 صفحة، جانفي 2019، تونس، الثمن:19 د.ت، ISBN: 2000000045023
1- التهميش بصيغة الجمع
لا يزال الأدب التونسي الحديث والمعاصر يشكو حضورا محتشما في مدوّنة البحث الأكاديمي. لذلك يتوجّب علينا أن نحتفي بالإصدارات الجديدة في هذا الحقل الحيوي احتفاء نقديا بهيجا وأن نعتبر، على سبيل المثال لا الحصر، نشر دار الجنوب في جانفي الماضي لأطروحة ابتسام الوسلاتي، الهامشية في الأدب التونسي: تجربة جماعة تحت السور إنجازا مهماّ في حدّ ذاته يتنزل منزلة الحدث، بصرف النظر عن قيمتها الفكرية التي باتت الآن موكولة للنّقاش العام. ولا تراني شخصيا أتحرّج من الإشهار جهارا للكتاب و من حثّ المهتميّن بالشأن الثقافي التونسي على اقتنائه.
Jugurtha : réhabiliter ce héros africain de la résistanceRafik Darragi : Jugurtha, un contre-portrait. Editions Nirvana, Tunis 2019, 247 pages. ISBN : 978-9938-53-000-1
[Le roman de Rafik Darragi, Jughurta, un contre-portrait, vient d’obtenir le Comar d’OR 2019, ex-aequo avec La Princesse de Bizerte de Mohamed Bouamoud. Sur ce second roman primé, on lira l’article que lui a consacré Kamel Ben Ouanès le 4 septembre 2018, sous le titre de « La bataille de Bizerte entre le procès de l’Histoire et la question de l’altérité».]
Le mérite du roman historique est qu’il ne se contente pas de reconstituer l’action ou l’œuvre des personnages, mais imprime surtout dans le tissu de leur destin la part de sentiments et d’émotions. Si bien que le portrait de ces héros charrie les traits d’une vie alternant heurs et malheurs, parce qu’elle est constamment aux prises tantôt avec la fougue de l’ambition, tantôt avec le poids des adversités. Anouar Elfani et les détresses conjugalesAnouar El Fani, Paroles de femmes, Arabesques, 2019.16DT, 9789938 73317. Anouar El Fani est surtout connu pour avoir abordé jusqu’ici des sujets sociohistoriques, soutenant des causes à résonances militantes. Son premier roman (Songe d’une nuit d’été, Arabesques, 2015) est une autobiographie romancée -ou un roman initiatique à la première personne - retraçant un itinéraire de combats politiques entremêlés d’expériences amoureuses. Son second roman (Journal d’un apostat, Arabesques 2017) développe les confessions intimes d’un Imam libéral, à qui se révèle progressivement la mauvaise foi du discours salafiste qui l’amène jusqu’au bord de l’apostasie. Parole de femme occupe une place à part dans l’univers romanesque de l’auteur en ce qu’il aborde une question tout à la fois intime et taboue : la panne sexuelle des couples mariés. Et pourtant, malgré cette plongée dans l’intime, Anouar El Fani ne se désengage nullement de son option militante car la révélation du drame du personnage coïncide avec la débâcle du printemps arabe qui l’éclaire d’un jour nouveau. La révolution tunisienne : l’élan malgré le bilanMohamed Kerrou, L’autre révolution, Cérès éditions, essai, Tunis, 2019, 17dt, ISBN : 978-9973-19-804-4.
A présent, la révolution tunisienne a très mauvaise presse. Peut-elle échapper à la malédiction que la française en 1789 et la russe en 1917 avaient endurée peu après leurs débuts euphoriques ? Rien n'est moins sûr. La nôtre, quoique petite et très pacifique, ne fait pas exception. Elle suit la courbe implacable pour se trouver maintenant au creux de la vague. Elle n’est pas seulement haïe par ses ennemis traditionnels, ceux qu’on appelle dans le jargon des historiens les « contre-révolutionnaires ». Elle est surtout honnie par ceux et celles qui, il y a huit ans, jour pour jour, affluèrent sur Sidi Bouzid, Thala et Bouzaienne, en caravanes citoyennes. Ils portèrent aux régions et localités rebelles le message de la nation reconnaissante. Ce fut un temps éclair qui traversa notre petit pays et rechargea notre affect collectif d’un espoir infini, tel un beau songe d’une nuit d’été. Confession par plume interposéeSalah Gharbi : Saber et la drôle de machine, Arabesques éditions, Tunis 2018, 161 pages. ISBN : 978-9938-07-284-6
Il ne manquait au roman de Salah Gharbi que la part du sarcasme ou de l’autodérision pour qu’il soit parfaitement conforme à l’univers de Kafka. S. Gharbi ne franchit pas le pas, nullement par manque d’humour, mais tout simplement parce que le statut de son personnage, n’étant pas affecté par la haine du juif qui traverse l’œuvre de Kafka, n’atteint pas les limites du tragi-comique. |