Parution
Salah El Gharbi, Yesmina Reza ou le théâtre des paradoxes, L’Harmattan 2010, 161p. 16 euros
Il s’agit d’un ouvrage critique organisé en cinq chapitres qui se proposent d’interroger l’œuvre de Yesmina Reza sous divers angles. Les unités d’espace et de temps, qui cadrent l’intrigue dans le théâtre traditionnel, sont d’emblée étudiées par Salah El Gharbi qui montre que Reza étoffe ses personnages, entre autre, par la capacité qu’ils ont à restructurer ces notions au moyen de leurs discours respectifs. Ces « héros dérisoires », comme les appelle l’auteur de l’ouvrage, sont analysés et présentés comme siège du langage et support de discours investis d’un sens qui se construit et se déconstruit au fil de l’intrigue.
L’une des conclusions à laquelle aboutit Salah El Gharbi est que le théâtre d’Y. Reza est un théâtre polémique. L’autre est que la dramaturge française, tant décriée et taxée entre autre de faire du théâtre « d’import-export », fait de ses œuvres le lieu de recherche d’une nouvelle esthétique théâtrale.
Yesmina Reza ou le théâtre des paradoxes aborde l’œuvre en opérant des analyses de détails et en essayant, par une sorte de mise en miroir avec la tradition, de mettre en valeur ce qui fait de l’écriture rezaienne une écriture qui s’inscrit dans le sillage de la modernité.
Dans sa conclusion, S. El Gharbi précise, à propos de Y. Reza : « Il semblerait que, pour elle, une fois l’œuvre achevée, l’écrivain devient un lecteur parmi d’autres », il ajoute concernant la critique littéraire : « C’est à la critique de s’interroger sur ces écrits et de les jauger selon les critères les plus subtils et les plus objectifs. C’est à la critique de scruter, non pas ce qui a été prémédité, mais ce qui est mis en œuvre, non pas de révéler les intentions mais plutôt, d’actualiser l’écrit, de dévoiler la part de non dit du texte, ses qualités différentielles, ses errances et ses ratages ». Ces propos illustrent parfaitement la démarche entreprise par cet universitaire soucieux de proposer des pistes de réflexion pour une œuvre qui demeure « complexe et ouverte »
Mis à jour ( Samedi, 13 Août 2011 13:06 )